Des accusations fondées ?

Le 1^er duc d’Epernon est hissé au rang des plus grands de son temps par Henri III, puis fait construire son château ducal à Cadillac-sur-Garonne sous Henri IV et Louis XIII. Ses relations avec le bon roi  Henri IV sont ambiguës ; d’aucuns considèrent que le roi l’incite à bâtir ce palais pour qu’il dépense sa fortune et soit éloigné de la cour.

Le duc d’Epernon sera surtout accusé d’avoir armé le bras de Ravaillac, précipitant l’assassinat du roi et la régence de Marie de Médicis. C’est sa "légende noire", née dès le lendemain du régicide et qui a longtemps prévalu, constituant la thèse de Jules Michelet dans son Histoire de France au XIX° (version présidant à l’Instruction publique, donc quasi officielle), réaffirmée dans les années 1950 par Philippe Erlanger dans L’Etrange mort de Henri IV. 

Ravaillac, originaire d’Angoulême, connaissait en effet le 1^er duc, gouverneur de cette ville. Et plusieurs témoignages (particulièrement celui de Jacqueline d’Escoman) accablaient le duc – par ailleurs vilipendé et détesté par bon nombre de ses contemporains, à commencer par tous ceux que, jeune cadet de Gascogne devenu « demi-roi », il avait doublés. Lui-même s’était cependant vu depuis, sous Henri IV, dépasser par d’autres tel Sully - accréditant la thèse d’un ressentiment contre le roi ?

Mais c’est pourtant ce même duc d’Epernon, assis à la droite d’Henri IV dans le carrosse, qui intima l’ordre aux gardes de ne pas tuer Ravaillac sur le champ, pour d’obtenir un procès ! Et lui encore qui, tout jeune, avait fait partie en 1576 des rares seigneurs accompagnant Henri de Navarre dans son échappée du Louvre ; puis qui avait servi d’ambassadeur d’Henri III auprès de son cousin Navarre quand le duc de Joyeuse faisait le lien aux Guise. 

Bref, l’histoire n’est pas simple, et si tout le monde sait que Ravaillac a assassiné Henri IV, savoir s’il y avait un commanditaire reste un mystère...

Pour approfondir 

• Henri IV, un roi dans l’Histoire aux éditions du patrimoine 
• L’assassinat d’Henri IV coll. Tempus éd. Perrin